Groupe Canal – Orange – Apple : sommes-nous devenus les testeurs des grandes compagnies ?

icone_dangerLe phénomène est connu depuis longtemps dans le domaine informatique : la sortie d’un logiciel est souvent suivie de nombreuses mises à jour qui doivent en général améliorer la stabilité dudit logiciel. Bien entendu, nous parlons là de mises à jour d’entretien, et non celles qui vont apporter plus de fonctions au programme. Le problème, c’est qu’en informatique, il y a presque une installation du système général (ou d’exploitation) différente par utilisateur. Chacun y est allé de sa propre initiative pour bâtir son installation à son goût, mélangeant alors les programmes selon ses besoins. Et la cohabitation n’est pas toujours aisée, ce qui peut engendrer des problèmes de fonctionnement. Les fabricants sont alors confrontés à ces situations, trop nombreuses pour qu’ils aient pu les évaluer durant la conception du logiciel. Et c’est donc là que la mise à jour est proposée.

Mais il semble que cette situation s’est plus ou moins bien développée ces dernières années. Nombreuses sont les grandes sociétés technologiques qui sortent des produits qui ne sont pas stables dès le départ. Théoriquement, un produit est testé plusieurs mois avant d’être mis sur le marché. En tout cas, c’est ce qu’on espère. Mais vu les problèmes qui surviennent, on peut se le demander. C’est souvent une question économique : un grand jeu doit sortir avant son rival pour être rentable, quitte à le sortir encore « bogué ».

A la différence d’un ordinateur, un décodeur TV n’a pas à être « customisé » par son utilisateur. Le produit reçoit partout le même signal, que ce soit dans le nord ou le sud de la France. Alors pourquoi y-a t-il autant de problèmes, comme par exemple avec son décodeur Wifi ? C’est une question très légitime, surtout quand on voit les problèmes qui existent et qui sont remontés par les abonnés. Le décodeur TV d’Orange, le UHD87 Sat, n’est pas exempt de problème non plus, avec le retour de veille qui plante le HDMI. La mise à jour est attendue depuis l’été dernier. Elle ne viendra peut-être jamais, puisque la nouvelle version « noire » version sat est attendue en avril.

Plus récemment, nous avons eu la sortie de la nouvelle Livebox d’Orange. Après près de trois semaines d’utilisation, quelques petits problèmes apparaissent. Le remplacement de la nouvelle Livebox chez le client se fait curieusement assez facilement, et le technicien n’hésite pas à donner ses coordonnées, car il « souhaite être informé des suites rencontrées afin de bien comprendre l’évolution de la nouvelle Livebox sur le terrain« , ce que nous pouvons traduire par « testez-la et dites nous si vous avez des problèmes, car nous n’avons pas encore toutes les retombées » !

Autre cas de figure, l’implantation de la nouvelle interface des décodeurs Canal. Fin novembre 2012, elle est déployée sur un nombre restreint de décodeurs. Les abonnés concernés ne sont pas prévenus qu’en fait Canal teste l’interface, car vu ce qui suivra, il n’y a pas vraiment d’autres termes. Au bout de trois semaines, l’implantation est stoppée et reprendra « après les fêtes de fin d’année« . Beau timing, mais on apprendra en fait que Canal va en profiter pour modifier son interface et l’améliorer selon les premiers retours, et reprendra l’implantation en mars 2013. Si ce n’est pas un test grandeur nature, je ne vois pas comment l’appeler. Quant au coup de « on reprendra après les fêtes« , bien joué Canal !

Apple n’est pas en reste. Surtout avec son dernier iOS, le 6ième. Sorti en octobre dernier, on en est déjà à la 4e mise à jour en 4 mois. C’est pas mal (la 6.1.2 est sortie la semaine dernière). Et là encore, ce sont les retours des utilisateurs qui obligent Apple à procéder à des modifications du système. N’y a t-il donc personne qui teste mieux que ça ? Et pourtant, à la décharge d’Apple, les « grandes versions » de ses iOS sont testées des mois avant d’être lancées.

Tester un nouveau produit avant de le lancer coûte cher. Alors, pour faire des économies, il semble maintenant évident que ces grandes sociétés utilisent leurs clients pour faire les tests « in situ ». On pourrait le comprendre, et on serait même d’accord, si la société était transparente là-dessus. Mais ce n’est pas le cas. Envoyer une nouvelle interface non véritablement testée à des abonnés sans les prévenir, ce n’est pas très gentil.

Mais il faut être philosophe : cet état de fait ne devrait pas changer, et même s’amplifier. Si cela peut aider les autres clients, pourquoi pas ? Mais que diable, soyez honnêtes avec nous et prévenez-nous que le produit qu’on s’apprête à installer n’est pas encore finalisé. On le comprendrait certainement.

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